Mosquée de Bayonne : fallait-il relever le goût pour Eric Zemmour de l'auteur d'un attentat ?

29/10/2019

Une voiture de police devant la mosquée de Bayonne, le 29 octobre 2019. — Iroz Gaizka / AFP
Une voiture de police devant la mosquée de Bayonne, le 29 octobre 2019. — Iroz Gaizka / AFP

Nous avons publié ce lundi soir un article intitulé "Attaque de la mosquée de Bayonne : ex-candidat FN, le suspect était aussi fan d'Eric Zemmour". La mention du polémiste a suscité beaucoup de réactions et d'interrogations. Natacha Polony y répond.


Une étrange épidémie frappe la France au lendemain de l'attentat de Bayonne : l'hémiplégie intellectuelle. D'un côté, ceux qui habituellement préviennent contre les « amalgames » et parlent de « déséquilibrés » qui n'auraient « rien à voir avec l'islam » à chaque attentat islamiste sont les premiers, ici, à instaurer une sorte de responsabilité collective au nom du « climat » qu'auraient créé les débats récents sur le voile. De l'autre côté, ceux qui ne supportent pas qu'on parle de « déséquilibré » quand un homme poignarde en criant « Allah Akbar » minimisent aujourd'hui les faits et se scandalisent qu'on cite l'admiration de leur auteur pour Eric Zemmour, comme si cela n'avait « rien à voir » avec ses actes. Et les insultes volent, « haineux », « angéliste », « raciste », « bobo aveugle »...

Qu'est-ce que Marianne ?

Marianne est né du refus de l'assimilation du débat politique à une guerre de religions. Du refus de toute vision binaire réduisant l'espace public à l'affrontement de deux camps pour lesquels celui d'en face est un salaud. Nous estimons que notre travail de journalistes consiste à traiter l'information avec la plus grande honnêteté intellectuelle.

Quand un homme veut mettre le feu à une mosquée et tire sur deux hommes qui cherchent à l'en empêcher, nous informons sur ses orientations idéologiques

Nous estimons que quand un homme tue ses collègues à coups de couteau à la préfecture de police de Paris ou dans le quartier de l'Opéra, quand un salarié décapite son patron ou qu'un assassin tue deux policiers chez eux, quel que soit leur état mental, l'idéologie qui les porte, et qui est diffusée par certains canaux comme les prêches d'imams radicaux ou les discours de ressentiment contre la France et ses institutions, doit être pointée. De même, quand un homme veut mettre le feu à une mosquée et tire sur deux hommes qui cherchent à l'en empêcher, nous informons sur ses orientations idéologiques. Être fan d'Eric Zemmour - qui vient de s'illustrer par un discours appelant les « jeunes Français »à « se battre pour leur libération », donc à enclencher une guerre civile - en est une.
L'honnêteté intellectuelle, la défense exigeante de la laïcité à la française qui ne soit pas confondue avec le rejet des musulmans, mais qui ne soit pas non plus réduite à une tolérance organisant la coexistence de communautés repliées sur elles-mêmes, sont nos boussoles. Cela nous vaut des coups de la part des extrémistes de tous les camps. Mais c'est une fierté.

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